La politique d'asile du gouvernement discutée en commission
En amont d'une conférence de presse, les Ministres Max Hahn (Accueil) et Léon Gloden (Intérieures) se sont rendus en commission parlementaire afin de répondre aux questions des députés sur la politique d'asile du gouvernement.
Les députés du LSAP avaient demandé une réunion jointe des deux commissions parlementaires (Accueil et Affaires intérieures) afin d’examiner la prise en charge et l'hébergement des personnes ayant demandé la protection internationale tout au long du processus de leur(s) demande(s). Ils ont notamment évoqué la démission récente d’une fonctionnaire du ministère de l’Intérieur ainsi que l’expulsion d’une famille d’un centre d’hébergement géré par l’Office national d’accueil (ONA). Dès le début de la séance, Max Hahn a tenu à rassurer les députés en affirmant qu’il avait été informé de cette situation bien avant sa médiatisation et que la famille concernée n’avait passé aucune nuit à la rue.
Le Ministre Max Hahn a présenté un bilan chiffré de la situation de l’asile au Luxembourg. Il a rappelé que depuis 2015, l’Office national d’accueil (ONA) fonctionne en « mode de crise ». Entre 2019 et 2024, le nombre de lits disponibles a doublé, passant de 4 000 à 8 200. Comparé à d’autres pays, le Luxembourg fait « bonne figure », a souligné Max Hahn, précisant que, proportionnellement à sa population, le pays dispose de trois fois plus de lits que les Pays-Bas et quatre fois plus que la Belgique. Il a ainsi mis en avant la solidarité du Grand-Duché tout en pointant les failles du système européen.
Max Hahn a également évoqué les efforts menés pour mobiliser les communes (et les personnes privées) en vue d’augmenter les capacités d’hébergement. Il a toutefois averti qu’en raison de la nature temporaire de certaines structures, l’ONA perdra 400 lits en 2025 et 300 supplémentaires en 2026.
Dans son intervention, il a insisté sur la nécessité de préparer les demandeurs de protection internationale (DPI) à leur « vie en dehors des structures de l’ONA » afin de favoriser leur autonomie dès que possible. De son côté, le ministre Léon Gloden a rappelé les initiatives gouvernementales visant à faciliter l’accès des DPI et des bénéficiaires de protection internationale (BPI) au marché du travail, notamment par des collaborations avec la Chambre des Métiers et la Fédération de l’Horeca.
Face aux préoccupations des députés, Max Hahn a précisé que les bénéficiaires du statut de réfugié peuvent rester au maximum un an dans les structures de l’ONA après l’obtention de leur protection. Il a par ailleurs réaffirmé que la politique en matière d’asile « reste inchangée » par rapport au gouvernement précédent.
La question des régularisations et la maison de retour
Les députés de l’opposition ont sollicité des clarifications concernant les personnes déboutées et les régularisations. Léon Gloden a mis en avant qu’environ 100 personnes ont été régularisées en 2024. En réponse aux questions des députés, il a précisé que les critères de régularisation incluent un emploi à durée indéterminée et une « forte volonté d’intégration », notamment à travers la scolarisation des enfants.
En outre, suite à la demande des députés, une visite de la maison de retour située à Kirchberg sera organisée à la mi-mars pour les membres des deux commissions parlementaires. Les deux ministres ont rappelé qu'il s'agissait d'une « structure temporaire » et ils ont donné raison aux députés que cette structure est « inadaptée aux familles ». Ils ont profité de l’occasion pour lancer un appel aux députés, qui sont également actifs dans les communes du pays, afin d’identifier un nouvel emplacement pour cette structure.
La deuxième demande du groupe politique LSAP concernant l’instauration d’une commission pour les cas de rigueur pour les cas d’asile spéciaux ainsi que la création de nouvelles voies de migration légale et de régularisation sera traitée lors d’une prochaine réunion.