Le projet de budget 2025 : Entrevue avec la Banque centrale du Luxembourg

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Publié le 03.12.2024 à 17h05 Mis à jour le 03.12.2024 à 17h05

Au Grand-Duché, les chiffres conjoncturels se sont améliorés, toutefois des problèmes structurels tels que le logement, le transport et le vieillissement de la population continuent de s’accumuler. Il s’agit de constats dressés par les représentants de la Banque centrale du Luxembourg (BCL) lors de la présentation de l’avis de la BCL relatif au projet de budget 2025, ce mardi 3 décembre en commission parlementaire.

 

L’endettement des ménages s’élève actuellement à quelque 180% de leur revenu disponible : c’est un des sujets pointés par les représentants de la Banque centrale devant les députés membres de la Commission des Finances. Il s’agirait d’un ratio très élevé en comparaison européenne et, selon les experts de la BCL, d’une évolution très inquiétante.

 

Progression du coût salarial

 

Une autre comparaison à l’échelle européenne, avancée par les représentants de la BCL, montre que les salaires progressent de manière substantiellement plus forte au Luxembourg. Depuis 2021, le coût salarial unitaire progresse de quelque 20% au Luxembourg par rapport à quelque 10% dans la zone euro. Il a été précisé que cette augmentation des coûts salariaux ne s’explique non seulement par l’avancement des salaires sous l’effet de l’échelle mobile mais aussi par la progression des salaires réels.

 

Logement et transports : les défis pour le modèle de croissance

 

L’évolution du PIB est fonction du nombre de non-résidents qui travaillent au Grand-Duché, c’est ce qui ressort de la présentation de la BCL.

Il serait donc d’autant plus important de se pencher sur les défis que présentent la mobilité et le logement.

 

Si les mesures du gouvernement agissent sur la demande, les représentants de la BCL étaient quant à eux d’avis qu’il fallait promouvoir des mesures incitant l’offre de logements. Les mesures actuelles risqueraient de se répercuter sur les prix et ne pas avoir les effets escomptés. 

 

Au cours des discussions en commission parlementaire, un député de l’opposition s’est intéressé à l’appréciation de la BCL concernant les différentes mesures fiscales mises en place. Selon les représentants de la BCL, la question de l’opportunité des mesures extensives se pose étant donné que le pouvoir d’achat ne semble pas constituer un problème général au Grand-Duché.

 

Impact du BEPS (taux d’imposition mondial minimal de 15 %)

 

En ce qui concerne les recettes fiscales, certains députés se sont renseignés au sujet de l’impact potentiel des nouvelles règles d’imposition BEPS (Pilier 2) qui doivent être considérées par l’Administration des contributions directes à partir de 2025. Ces règles prévoient que les entreprises multinationales dont le chiffre d’affaires consolidé dépasse les 750 millions d’euros soit soumises à un taux d’imposition mondial minimum de 15%. 

Deux scénarios potentiels ont été abordés lors de la réunion en commission parlementaire. L’État luxembourgeois pourrait bénéficier de recettes supplémentaires à l’introduction du taux d’imposition minimum mais il pourrait aussi en perdre, si les entreprises concernées décidaient de délocaliser leurs activités. À la question des députés quel scénario s’avérerait plus probable, les représentants de la BCL ont affirmé ne pas disposer de toutes les données nécessaires afin de réaliser une telle analyse.

 

De manière générale, la BCL s’était attendue à davantage de prévisions pour le secteur financier dans le cadre du projet de budget 2025. Les représentants de la BCL ont finalement regretté que certaines données qui auraient permis une analyse plus précise, n’étaient pas disponibles.