« Il ne faut pas livrer les pays des Balkans à eux-mêmes »

Artikel
Publié le 07.05.2024 à 15h46 Mis à jour le 08.05.2024 à 09h46

Wolfgang Sobotka, Président du Conseil national de la République d’Autriche, a été reçu à la Chambre des Députés pour un échange autour de plusieurs thèmes de l’actualité politique.

Le Président de la Chambre des Députés Claude Wiseler a commencé par évoquer les bonnes relations bilatérales qu’entretiennent le Luxembourg et l’Autriche. Que ce soit au niveau culturel, dans le domaine de l’économie, sur le plan des positions en matière de politique étrangère ou en ce qui concerne le domaine universitaire, avec les quelques 1000 étudiants luxembourgeois qui effectuent leurs études supérieures en Autriche.

 

Wolfgang Sobotka a acquiescé, soulignant pour sa part l’importance qu’il accorde à ces relations bilatérales et saluant le fait qu’elles se sont « très bien développées » ces dernières années.

 

Soutenir ensemble les pays des Balkans dans une perspective européenne

 

Lors de l’échange, Wolfgang Sobotka a demandé à ses interlocuteurs luxembourgeois s’ils seraient prêts à s’engager avec l’Autriche dans des initiatives concrètes pour aider au « développement du parlementarisme » dans les pays des Balkans occidentaux qui se trouvent sur une trajectoire européenne afin de les « ancrer en Europe » pour des raisons économiques, de défense et culturelles. Le Luxembourg serait bien placé en la matière de part son système unicaméral, que l’on retrouve dans certains pays des Balkans.

 

Claude Wiseler a affirmé que la Chambre des Députés était prête à apporter son assistance en la matière et que « livrer ces pays à eux même serait une erreur ». Le Président de la Chambre a dans ce contexte souligné les bonnes relations que la Chambre entretient avec le Monténégro.

 

L’Autriche restera-t-elle neutre ?

 

Le Président de la Commission des Affaires étrangères Gusty Graas a interrogé Wolfgang Sobotka sur le statut neutre que l’Autriche partage avec certains autres pays (Irlande, Malte, Suisse, Chypre…) et a voulu savoir si cette position était vouée à être remise en question, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine et dans un environnement international qui voit certains dirigeants souhaiter la création d’une armée européenne.

 

Wolfgang Sobotka a affirmé que la neutralité faisait partie de l’identité autrichienne pour des raisons historiques et a souligné l’engagement de l’Autriche en Ukraine en ce qui concerne les structures civiles et les forces de secours. Il a cependant affirmé que si une armée européenne se formait, la question de la neutralité se reposerait. Wolfgang Sobotka s’est dit défavorable à l’envoi de troupes européennes au sol en Ukraine, affirmant qu’il s’agirait « d’une escalade qui ne serait bonne pour personne ».

Wolfgang Sobotka regrette une montée de l’antisémitisme dans le contexte du conflit au Proche-Orient

 

Dernier grand sujet abordé pendant l’échange, les conséquences en Europe du conflit entre Israël et le Hamas au Proche-Orient. Wolfgang Sobotka a insisté dans ce contexte sur son incompréhension envers les représentants politiques qui ne condamnent pas suffisamment fermement le Hamas pour les attaques du 7 octobre et a regretté le manque d’union au niveau européen en la matière, y voyant « une faiblesse ». Une des conséquences en serait une montée de l’antisémitisme.

 

Claude Wiseler à quant à lui affirmé que le Luxembourg avait fait preuve d’union en la matière en adoptant une motion à l’unanimité en séance publique, permettant au Luxembourg de parler d’une seule voix.

La discussion a porté sur un ensemble d’autres sujets d’actualité qui touchent au travail des parlements : éducation à la citoyenneté, gestion des défis et des possibilités qu’offre l’émergence des intelligences artificielles, moyens d’impliquer les citoyens dans le processus démocratique ou encore gestion de la pénurie en matière de logements.

 

Wolfgang Sobotka a officiellement invité les parlementaires luxembourgeois à effectuer une visite en Autriche.