Une première visite parlementaire bilatérale sur le continent africain
À l’invitation de l’Assemblée nationale de la République du Cameroun, le député Gusty Graas a représenté le Président de la Chambre des Députés à Yaoundé du 1er au 4 avril 2023. Ce déplacement s’inscrit dans la lignée d’une visite de retour à celle effectuée par une délégation du groupe d’amitié parlementaire en octobre 2021 à Luxembourg. Il s’agit non seulement de la première visite parlementaire bilatérale dans ce pays de la sous-région d’Afrique centrale, mais également de la première en son genre sur le continent africain.
Du multilatéral au bilatéral
Homologue de Gusty Graas en sa fonction de président de section auprès de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), le Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, Hilarion Etong, a qualifié - ceci en guise de réponse donnée au questionnement sur les relations avec la Chine ou la Russie – le Cameroun de « pays ouvert » entretenant des échanges diplomatiques avec toutes les nations. La réunion avec les parlementaires du groupe d’amitié, présidé par le député Pierre Eric Djomgoue, a permis d’échanger sur les bonnes pratiques et expériences respectives.
Se côtoyant par le biais de l’organisation internationale qu’est l’APF, les deux institutions entretiennent déjà de concrètes relations à l’échelle multilatérale. À ce niveau, la coopération parlementaire est bien tangible par l’organisation régulière de séminaires à destination des parlementaires et de formations pour les fonctionnaires d’administrations parlementaires. L’occasion a été saisie pour lancer les bases d’une nouvelle et potentielle coopération bilatérale en nouant des contacts à travers la diplomatie parlementaire. Forte d’une diaspora de 871 ressortissants camerounais, le Luxembourg pourrait, selon Gusty Graas, œuvrer pour nouer avec le Cameroun davantage de relations, jusqu’ici encore assez modestes.
L’échange a porté sur le fonctionnement de l’État, le code électoral imposant un quota féminin d’un tiers de postes au parlement camerounais, le cumul de mandats qui n’est plus autorisé au Cameroun, la couverture territoriale du parti « Rassemblement démocratique du peuple camerounais » (RDPC) ou encore les modalités du droit de vote actif et passif. Une particularité consiste dans le fait que les Camerounais à l’étranger peuvent voter lors des présidentielles.
Potentialités économiques et culturelles
La deuxième journée de travail a vu enchainer les échanges tenus avec différents représentants du gouvernement, dont les respectifs portefeuilles pourraient s’avérer être de possibles pistes d’une future coopération.
L’agriculture camerounaise représente 17% du PIB et le secteur agricole est le premier employeur du pays, responsable à hauteur de 80% de l’autosuffisance alimentaire. Producteur de cacao, de coton, de sucre, de maïs ou encore de soja, un enjeu essentiel pour Gabriel Mbairobe, Ministre de l’Agriculture et du Développement rural, consiste en la transformation sur place qui viendrait contrer les actuelles importations massives de produits. Pour ce faire, un des principaux défis demeure dans la faiblesse de la mécanisation, « tendon d’Achille » de l’agriculture locale. La mécanisation limitée, l’absence de structures de conservation et de transformation, ainsi que l’adaptabilité du machinisme aux réalités du terrain ralentissent l’expansion de ce secteur. Répondant à une question posée par l’élu luxembourgeois, le ministre affirme que le calendrier des récoltes est tributaire des conditions météorologiques. Une double problématique pouvant paraître paradoxale se pose : le déficit hydrique pendant les sècheresses et l’excès des pluies saisonnières.
Le Cameroun, synonyme de stabilité de la sous-région d’Afrique centrale
Le Cameroun constitue une véritable mosaïque ethnique, car on y dénombre plus de 300 ethnies différentes. Ainsi, le pays est confronté à un défi d’intégration nationale. D’autres défis à relever viennent s’y rajouter : économique, de politique intérieure et de sécurité. En dépit de ce qui précède, le pays est, d’après le Ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella (sur la photo), et grâce à sa résilience économique, aussi synonyme de stabilité de la sous-région d’Afrique centrale. L’économie du pays serait en cours de diversification avec la numérisation d’un côté et l’économie bleue exploitable dans le Golfe de Guinée. Le député Gusty Graas a salué le processus de démocratisation continu en cours avant de féliciter aussi le ministre pour sa gestion de l’accueil des réfugiés. À ce jour, le Cameroun a donné refuge à quelques 500.000 personnes venant des pays voisins (le Nigéria et la République centrafricaine). Pour le chef de la diplomatie camerounaise, une chose est certaine : « nous ne voulons pas de diktat ». Il a plaidé pour un dialogue mutuel en condamnant toute ingérence interétatique. Pour effectuer le suivi des relations bilatérales, il a proposé de réfléchir également à l’établissement d’un consulat.
Au niveau des transports, les deux pays ont signé un accord aérien en 2016 permettant à la compagnie de fret Cargolux de desservir la capitale Yaoundé. Des avions de la compagnie luxembourgeoise ont effectivement atterri à l’aéroport internationale Nsimalen entre 2018 et 2020. Dans le cadre de cette potentielle « opportunité commerciale », pour reprendre les propos de Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, Ministre des Transports, la compagnie nationale camerounaise Camair-co pourrait être sous-traitée par la Cargolux afin d’endosser le rôle de hub pour le fret africain.
Rayonnement culturel
Reçu au Ministère des Arts et de la Culture, l’élu Gusty Graas s’est félicité du rôle d’unificateur que peut jouer la culture. En octobre 2022, une délégation ministérielle camerounaise s’était rendue à Luxembourg pour visiter le Musée national d’histoire et d’Art, le Lëtzebuerg City Museum et les Archives nationales. L’importance de la diaspora quant à elle n’est également pas négligeable. En effet, l’asbl Centre de développement Europe-Afrique s’était portée volontaire pour nouer les premiers contacts et pour faciliter les premiers échanges interinstitutionnels.
À une trentaine de kilomètres de la capitale se situe la commune de Lobo. Celle-ci est desservie par l’autoroute en phase de construction qui devrait, à son aboutissement, relier Yaoundé à la ville portuaire de Douala, deuxième ville du pays et principal centre d’affaires. Ici, le député Gusty GRAAS a assisté à la pose de la première pierre du centre culturel luxembourgeois. Symbolique pour une coopération culturelle et lieu de convergence, le représentant luxembourgeois a, lors de cette cérémonie, affirmé qu’il s’agirait d’un « lieu répondant à nos intérêts communs, un endroit abritant notre patrimoine culturel, un espace d’entrée, d’échanges, de rencontres et d’accueil. »