« L’UE a besoin de plus de flexibilité budgétaire »

Article
Publié le 12.02.2025 à 15h36 Mis à jour le 12.02.2025 à 16h18

Piotr Serafin, le Commissaire européen au Budget, à la Lutte anti-fraude et à l'Administration publique, a été reçu à la Chambre des Députés dans le cadre d’un « tour d’Europe » de consultations en vue de l’établissement du Cadre financier pluriannuel de l’UE pour la période 2028-2034.

Piotr Serafin, le Commissaire européen au Budget, à la Lutte anti-fraude et à l'Administration publique

« Plus de 90 % du budget de l'Union européenne sur 7 ans est actuellement prédéterminé » dans le Cadre financier pluriannuel.  « C’était peut-être une bonne idée dans les années 80 mais ça ne marche plus. Nous avons besoin de plus de flexibilité sur le budget européen ». 

 

C’est l’analyse qu’a faite le Commissaire européen au Budget Piotr Serafin, qui prend en charge ce portefeuille européen pour la Pologne, lors de l’échange de vues qui a eu lieu ce mercredi 12 février à la Chambre des Députés. Il a été reçu à cette occasion par des membres des commissions des Affaires étrangères et des Finances après avoir vu le Président de la Chambre des Députés pour un entretien en tête à tête. 

 

Une hausse espérée des contributions des États-Membres pour le budget européen

 

La mission principale de Piotr Serafin est de négocier et de mettre en place le Cadre financier pluriannuel (MFF) pour la période 2028 – 2034. Il faudrait donc, a expliqué le Commissaire aux députés, pouvoir adapter le budget de manière plus flexible aux situations géopolitiques soumises à une grande incertitude. La situation sécuritaire, les défis liés au climat et la compétitivité ont été cités parmi les axes importants dans ce contexte.

 

Les ambitions de la Commission européenne pour le budget seraient globalement à la hausse, mais elles continueront à dépendre de la volonté des États membres, a encore souligné Piotr Serafin. Celui-ci n’a pas avancé de chiffres lors de la réunion pour les hausses escomptées. Le Commissaire a cependant affirmé qu’il s’agissait d’un défi important si l’Europe voulait avoir les moyens de ses ambitions, tout en soulignant qu’il faudrait également envisager la dimension de « mieux dépenser ce que nous avons ». 

 

La défense, un enjeu urgent 

 

Un des aspects évoqués dans ce contexte est celui du besoin d’augmenter les investissements dans le domaine de la défense pour répondre aux enjeux stratégiques auxquels est et sera confrontée l’UE. Cela serait notamment important dans le cadre d’une nouvelle relation qui se met en place avec les États-Unis. Pour l’instant, l’UE dépenserait moins de 1% de son budget pour la défense. Piotr Serafin a affirmé que des investissements supplémentaires seraient nécessaires et que la Commission allait produire un « livre blanc » contenant des propositions sur la défense en mars. Certaines décisions pourraient ensuite être prises en juin. 

 

Pour Piotr Serafin, ce développement devrait également se faire en concertation avec l’OTAN. Il a évoqué dans ce contexte la position de Mark Rutte, Secrétaire général de l'OTAN, qui aurait évoqué un objectif « au-delà des 3% » du produit intérieur brut pour les pays membres e l’OTAN en ce qui concerne les investissements de défense. L'objectif actuel se situe à 2% du PIB.

 

Les députés ont interrogé Piotr Serafin au sujet du rôle de la Banque européenne d’investissement (BEI) en ce qui concerne le financement de projets et l’accord de prêts dans le domaine de la défense. Piotr Serafin a estimé qu’une évolution dans ce contexte était souhaitable et que ce point ferait partie d’échanges qu’il entend mener avec l’institution. Le Commissaire a ajouté que les « investissements de défense ne pouvaient pas être mis sur le même plan restrictif que la drogue ou la pornographie » comme cela aurait jusqu’alors été le cas.

 

Les députés ont encore interrogé Piotr Serafin au sujet de l’impact budgétaire de l’élargissement de l’UE. Ce dernier a affirmé que la proposition pour le Cadre financier pluriannuel ne devait pas contenir de dates en ce qui concerne les procédures d’élargissement et leur budgétisation, mais que le calendrier devait être déterminé dans cadre des différentes négociations. 

 

Sur la transition verte, la position serait claire : la neutralité carbone pour 2050. Piotr Serafin a cependant affirmé qu’il fallait revoir les instruments pour atteindre cet objectif sans porter atteinte à la compétitivité de l’UE.