150e Assemblée de l’Union interparlementaire
L’Union interparlementaire (UIP) a tenu sa 150e Assemblée à Tachkent (Ouzbékistan) du 4 au 9 avril 2025, à l'invitation du Parlement de l'Ouzbékistan. La Chambre des Députés y a été représentée par Diane Adehm, Fred Keup et Georges Engel, membres de la délégation. L'événement, centré sur le thème général « L'action parlementaire en faveur du développement social et de la justice sociale », a abordé des sujets cruciaux comme l'éradication de la pauvreté et l'inclusion sociale.

Participation record et diversité des délégations
Cette Assemblée historique a réuni près de 1400 délégués, dont environ 740 parlementaires représentant 130 pays à travers le monde. Plus d'une centaine de Présidents et Vice-présidents de Parlement ont participé à l'Assemblée, ce qui souligne le rôle important que joue la diplomatie parlementaire aux côtés des relations internationales conventionnelles, notamment en cette période de tension géopolitique. Soulignant l'importance de l'événement, le Président de l'Ouzbékistan, M. Shavkat Mirziyoyev, s'est adressé à l'Assemblée lors d'une session plénière spéciale. La participation des femmes a atteint 37 %, un taux inégalé depuis 2022.
Par ailleurs, l’Assemblée a accueilli le Belize en tant que nouveau membre, portant à 182 le nombre de Parlements adhérents à l’UIP. Cette adhésion illustre une étape supplémentaire vers l’universalité que vise l’organisation et reflète la volonté croissante des États de s'engager dans le dialogue parlementaire mondial.
«In such an extremely difficult situation, the time itself demands that parliaments intensify their participation in maintaining peace, ensuring social development, and justice in the world »
L'égalité des sexes au cœur de l'Assemblée
Cette 150e session a été particulièrement remarquable avec la célébration du 40e anniversaire du Forum des femmes parlementaires de l'UIP, une plateforme unique qui permet de réaliser des avancées significatives dans le domaine de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes.
Dans un contexte où les droits des femmes sont remis en question et où la représentation des femmes au parlement stagne à 27,2 %, l'UIP a lancé une nouvelle campagne en faveur de l'égalité des sexes pour 2025, intitulée Atteindre l'égalité des sexes : action par action. La campagne vise à mobiliser les parlementaires du monde entier en vue d'accélérer les progrès vers l'égalité des sexes dans la vie politique et dans la société.
Intervention de Diane Adehm au débat sur la redevabilité
Lors du « Volet spécial du débat général sur la redevabilité : Mesures prises par les Parlements membres de l'UIP », Diane Adehm est intervenue pour partager l'expérience du Luxembourg.
Ce débat spécial, organisé pour la quatrième année consécutive, offre une plateforme aux parlementaires pour présenter les progrès accomplis dans la mise en œuvre des résolutions et déclarations adoptées par l'UIP en 2024.
Dans son allocution, Diane Adehm a évoqué la visite du Comité des droits de l'homme des parlementaires de l'UIP, à la Chambre des Députés en novembre 2024. Elle a mis en avant l'importance du travail effectué par ce Comité pour la protection des parlementaires persécutés à travers le monde et a rappelé les chiffres alarmants présentés lors de cette visite : 956 cas signalés en 2024 impliquant des violations allant du retrait abusif de mandats parlementaires jusqu'à des actes d'intimidation, de torture et même d'assassinat.
Elle a conclu son intervention par un appel à toutes les assemblées présentes pour qu'elles intensifient leur engagement en faveur de la solidarité parlementaire, soulignant que « Ensemble, nous avons le pouvoir de peser sur les décisions internationales et de faire entendre une voix en faveur de la justice et des droits fondamentaux. »
« De nombreux délégués ont souligné qu'ils assistent aux Assemblées de l'UIP pour conforter leurs opinions mais également pour entendre des points de vue différents. Ce qu'ils veulent, c'est remettre leurs idées en question, se libérer des carcans et changer de perspective. Et malgré leurs différences idéologiques, les parlementaires ne cessent d'acquérir de nouvelles connaissances grâce à l'UIP. »
Participation aux travaux des commissions permanentes
Les membres ont assisté à la réunion de la Commission permanente de la démocratie et des droits de l’homme, qui a permis à des experts d'échanger des vues sur l'état de la coopération internationale et les perspectives en matière de gouvernance de l'IA. Les discussions ont porté sur les principes de l'Organe consultatif de l'ONU sur l'intelligence artificielle, la Recommandation sur l'éthique de l'intelligence artificielle de l'UNESCO et le processus du G7, dit d'Hiroshima, sur l'IA pour l'évaluation des modèles.
La délégation a également participé aux séances de la Commission permanente des Affaires des Nations Unies. Cette session a examiné le rôle des BRICS, une organisation qui a évolué pour devenir un bloc politique englobant 30 % de la surface terrestre mondiale, 45 % de la population mondiale et 35 % du PIB mondial. Le volet a passé en revue les travaux des BRICS et a posé la question suivante : Quelles sont les différences entre le G20 et les BRICS, du point de vue de leur organisation interne, ainsi que de leurs liens institutionnels avec les Nations Unies ?
Par ailleurs, les représentants luxembourgeois ont contribué aux discussions de la Commission permanente de la paix et de la sécurité internationale, en participant à l’élaboration d’un projet de résolution intitulé « Le rôle des parlements dans la promotion d’une solution à deux États en Palestine ».
Enfin, la délégation a assisté à la séance publique du Comité chargé de promouvoir le respect du droit international humanitaire, consacrée au thème : « Le rôle des parlements dans la lutte contre les effets des conflits armés sur les enfants » — un sujet particulièrement d’actualité au regard des multiples crises humanitaires en cours.
La Déclaration de Tachkent
Les parlementaires ont adopté la Déclaration de Tachkent, intitulée « L'action parlementaire en faveur du développement social et de la justice sociale », qui rappelle la nécessité de redoubler d'efforts en matière de développement social face aux défis existants et émergents.
La Déclaration souligne que le programme mondial de développement social, lancé il y a 30 ans, n'a été que partiellement mis en œuvre. Elle prône un changement de paradigme en vue d'équilibrer les demandes du marché avec les besoins de la population, avec un accent sur trois domaines clés:
- Investir dans les personnes pour les faire passer de la pauvreté à la prospérité
- Démocratiser l'économie pour faire bénéficier ceux qui, historiquement, ont été privés de leur juste part, en particulier les femmes et les jeunes
- Renforcer les institutions y compris au moyen d'une participation accrue à la réglementation des technologies numériques telles que l'intelligence
« Cette Assemblée a pris tout son sens dès son ouverture, avec la commémoration des 150 occasions où des parlementaires du monde entier se sont réunis. Notre Organisation a résisté à l'épreuve du temps. Mais je tiens aussi à dire que notre mission est toujours aussi importante, voire plus encore peut-être aujourd'hui. Le monde a besoin de diplomatie parlementaire. »
Résolutions
Parmi les moments clés de cette Assemblée figuraient l'adoption des deux résolutions concernant la promotion d'une solution à deux États en Palestine et l'atténuation de l'impact des conflits sur le développement durable.
La première résolution, intitulée « Le rôle des parlements dans la promotion d'une solution à deux États en Palestine. », souligne le rôle des parlements dans la promotion d'une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien fondée sur le droit international. Elle appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la levée du blocus et à la libération des otages, ainsi qu'à un soutien à l'action humanitaire et au respect du droit international.
La seconde résolution, intitulée « Stratégies parlementaires visant à atténuer les effets à long terme des conflits, y compris des conflits armés, sur le développement durable, aborde la manière dont les conflits entravent les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable. Elle souligne le rôle des parlements dans l'atténuation des effets néfastes des conflits, la promotion de la paix et la protection des infrastructures et des principes humanitaires.