Présentation de l'étude des clusters
Jeannot Waringo a dressé un état des lieux sur l’impact de la Covid-19 dans des maisons de retraite et de soins.
L’évolution des cas Covid-19 dans des structures d’hébergement pour personnes âgées a suivi la tendance des vagues d’infections dans la population en général. C’est une des conclusions qui ressort de l’étude des clusters observés dans certaines structures d’hébergement pour personnes âgées, présentées le lundi 12 juillet 2021 à l’ensemble des députés réunis au Cercle municipal.
Retrouvez
- le rapport de l'étude du groupe de travail
- la présentation de l'analyse épidémiologique des clusters
- la présentation de la revue de la littérature scientifique
- et la vidéo de la présentation.
Une étude pour répondre à une motion des députés
L’étude multidisciplinaire, conduite par l’ancien haut-fonctionnaire Jeannot Waringo* en tant que coordinateur neutre, a été commanditée par le gouvernement en réponse à une motion adoptée par les députés au cours de la séance publique du 1er avril 2021. À l'origine de ce débat sur des clusters dans les structures d'hébergement pour personnes âgées était une motion du député Michel Wolter (CSV) demandant dès la mi-mars des explications sur les origines d’un cluster à la maison de retraite « Um Lauterbann » à Niederkorn. Les députés membres des commissions parlementaires de la Santé et de la Famille ont accompagné la mise en place du cahier des charges pour cette étude « externe et indépendante ».
Deux mois après, un rapport d’une soixantaine de pages donne des réponses aux interrogations formulées par les députés. En plus d’une revue scientifique et d’une analyse épidémiologique et des données statistiques, le groupe de travail s’est rendu dans onze structures et a échangé avec 18 responsables des 52 établissements (Centre intégrés pour personnes âgées (CIPA) et maisons de soins) ainsi que des logements encadrés. Il a ainsi épluché près de 25'000 documents concernant les règles et mesures en place.
Le Luxembourg dans la moyenne
Au Luxembourg, quatre personnes sur dix qui sont décédées des suites de la Covid-19 étaient des résidents de telles structures. En comparant l’impact qu’au eu la Covid-19 sur ces établissements au Luxembourg à d’autres pays, notamment ceux de la Grande-Région, les indicateurs concernant les infections, les mesures sanitaires, la vaccination ou encore la mortalité, le Grand-Duché se situe dans la moyenne. Il est souligné que les résidents des maisons de retraite et de soins étaient moins touchés par la première vague d’infection au printemps 2020 que lors de la deuxième vague en novembre et décembre 2020 ou encore au printemps 2021.
Si l’efficacité des vaccins est clairement démontrée par les études scientifiques, celle des autres mesures sanitaires est plus difficile à prouver. Certaines mesures comme un confinement volontaire du personnel a pu montrer des résultats concluants.
La question des recommandations et des responsabilités
La discussion entre les députés et les membres du groupe de travail a également porté sur la vaccination du personnel, la qualité des données disponibles pour mener l’analyse et les différentes bases légales.
Une des questions au centre : les recommandations adressées aux responsables des structures d’hébergement, étaient-elles assez claires ? Le groupe de travail a constaté que les instructions des différentes autorités en charge ont été suivies par les établissements. Pourtant, ils ont identifié un certain « désarroi » auprès des gestionnaires à qui on a laissé certaines libertés quant à la mise en œuvre des recommandations et de prendre leur responsabilité. De ce fait il leur incombait de trancher de manière individuelle quant à la balance entre « liberté individuelle des résidents » et « protection sanitaire de la population ». Lors de la présentation, les membres du groupe ont attiré l’attention sur l’hétérogénéité des établissements, qui se distinguent de par leurs infrastructures (présence d’un jardin, taille des chambres et réfectoires…) et leurs résidents.
Les membres du groupe de travail concluent qu’il est souhaitable de clarifier les rôles et responsabilités de chacun. De plus, il a été recommandé de profiter des périodes d’accalmie du virus pour mettre en place un plan de recommandations minimales à suivre.
Plus généralement, les auteurs constatent que leur rapport se base sur une revue des faits. Il est plus facile, selon eux, de juger certaines problématiques a posteriori qu’au moment où les faits se produisent. Jeannot Waringo a souligné que l’objectif de l’étude était de dresser un état des lieux sans pour autant formuler des recommandations précises.
Une déclaration et un débat en séance publique ce mardi
La présentation des conclusions sera suivie ce mardi par une déclaration du gouvernement concernant les clusters en séance publique (14h30). Par la suite, les députés de tous les groupes et sensibilités politiques auront l’occasion de réagir lors d’un débat sur le même sujet.
Une équipe pluridisciplinaire pour mener l’étude
Le groupe de travail qui a mené la mission spéciale a été composé des membres suivants:
- Dr Tamir Abdelrahman (Facharzt für Mikrobiologie / Virologie au Laboratoire National de Santé)
- Dr Gloria Aguayo (Médecin épidémiologiste au Luxembourg Institut of Health)
- M. Marcel Bausch (Infirmier gradué e.r.)
- Dr Germaine Hanquet (Médecin épidémiologiste et consultante indépendante)
- Mme Andrée Kerger (Chargée de direction adjointe de l’assurance dépendance e.r.)
- Professeur Yves Rolland (Gérontologue à l’Université de Toulouse)
- M. Joël Mossong (Epidémiologiste à la Direction de la Santé)
- M. Jeannot Waringo (Coordinateur du Groupe de travail)
*La coordination de l'étude sur les clusters n'est pas la première mission spéciale confiée à Jeannot Waringo. L'ancien haut—fonctionnaire avait déjà mené l'analyse sur la situation de la Cour grand-ducale. Son rapport avait contribué à la mise en place de la Maison du Grand-Duc, administration au service du chef de l'État.