Retour sur la coopération luxembourgeoise

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Publié le 19.07.2021 à 02h00 Mis à jour le 18.08.2022 à 13h50

Le Ministre de la Coopération et de l’action humanitaire Franz Fayot a fait le point ce lundi en commission parlementaire sur la coopération luxembourgeoise au niveau international. La publication du rapport annuel 2020 s’inscrit dans un contexte particulier en raison de la pandémie de Covid-19, qui a eu comme conséquence une augmentation de la pauvreté et des difficultés des systèmes sanitaires déjà fragiles.

Une implication forte et continuelle du Luxembourg dans les projets humanitaires

Le financement des projets de coopération reste une priorité pour la coopération luxembourgeoise. Malgré l’impact de la pandémie sur l’économie nationale, le gouvernement a maintenu son engagement d’une aide publique au développement à 1% du revenu national brut, note le Ministre. Le Luxembourg figure parmi les bons élèves au niveau international et constitue un partenaire et allié très apprécié, se réjouit Franz Fayot. Non seulement de par sa contribution financière dans des projets humanitaires, mais aussi en termes d’assistance technique. La coopération luxembourgeoise intervient ainsi à hauteur de 7,4 millions d’euros auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et a augmenté sa participation financière de 25% auprès de l’Alliance Globale pour les Vaccins et l’Immunisation (GAVI). La plateforme emergency.lu, qui est un partenariat public-privé entre l’Etat luxembourgeois et trois sociétés luxembourgeoises (SES, HITEC Luxembourg et Luxembourg Air Ambulance), constitue en outre un partenaire privilégié au niveau international.

 

Le Ministre a également évoqué d’autres participations de la coopération luxembourgeoise : 32 millions d’euros sur quatre ans pour le Programme alimentaire mondial, 36 millions sur quatre ans pour le Comité international de la Croix-Rouge ou encore 1,3 millions d’euros pour l’International Center for Transitional Justice (ICTJ) dans le cadre d’un nouvel accord que le Ministre a signé la semaine dernière. Le but est de renforcer la recherche dans le domaine de la justice transitionnelle.

 

Dans son évaluation à mi-parcours de l’aide au développement, le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a ainsi qualifié le Luxembourg de « petit mais puissant donateur ».

 

Une nouvelle stratégie générale de la coopération luxembourgeoise

Le Ministre a en outre présenté la nouvelle stratégie générale de la coopération luxembourgeoise à l’horizon 2030 aux membres de la Commission des Affaires étrangères et européennes, de la Coopération, de l'Immigration et de l'Asile. Cette stratégie est adaptée au nouveau contexte de la coopération au développement et l’accent est mis sur trois priorités :

  • Une plus grande implication du secteur financier luxembourgeois dans le cadre d’une finance inclusive et innovatrice
  • L’égalité entre les sexes
  • Une durabilité environnementale face aux changements climatiques

 

Le dernier point constitue par ailleurs une des priorités du nouveau Programme indicatif de coopération (PIC) avec le Cap-Vert couvrant la période 2021-2025, note le Ministre.

Deux nouveaux Programmes indicatifs de coopération

Franz Fayot a en outre présenté aux députés les priorités des nouveaux Programmes indicatifs de coopération.

 

Le premier porte sur une enveloppe financière de 144 millions d’euros pour le Niger sur la période 2022-2026. Deux objectifs sont visés : le développement du capital humain, notamment face aux défis climatiques et démographiques auxquels le pays doit faire face, et le soutien à une bonne gouvernance.

 

Le deuxième concerne le Laos, pour lequel une enveloppe de 95 millions d’euros est prévue sur la période 2022-2026. Ici, il est question de diminuer les inégalités sociales qui se sont davantage accentuées avec la pandémie de Covid-19 et d’améliorer l’accès aux soins, le système éducatif et les droits de l’homme.

 

Questions-réponses avec les députés

Les députés ont salué les efforts du Ministère de la Coopération et de l’action humanitaire tout au long de l’année 2020 marquée par les effets néfastes de la crise sanitaire. Une députée de la majorité a souhaité savoir ce qu’il est advenu des fonds qui étaient prévus en 2020 à l’aide à la coopération et qui n’ont pas pu être déployés en raison des nombreuses restrictions liées à la pandémie. Le Ministre a expliqué que la coopération luxembourgeoise a été active à d’autres niveaux pendant la pandémie, notamment dans le cadre d’opérations de réponse à la Covid-19. De même, le Ministre a pu constater un certain effet de rattrapage au cours de la deuxième partie de l’année.

 

Il a également été question de savoir si les projets de coopération déjà en place sont compatibles avec les priorités de la nouvelle stratégie générale. Franz Fayot a expliqué que certains projets ont pu être réajustés par le Comité de pilotage du Ministère qui se réunit tous les ans et qu’ils ne deviennent pas caduques pour autant.

 

Un député de l’opposition a souhaité connaître les implications de la stratégie « Fit for 55 » sur la stratégie de coopération luxembourgeoise. Le Ministre a expliqué que la stratégie de la Commission européenne vise le secteur économique dans son ensemble et n’a a priori pas d’incidence sur les priorités fixées par le Ministère de la Coopération et de l’action humanitaire.

 

Plusieurs députés se sont également intéressés au mécanisme de partage de vaccins avec communauté internationale « COVAX ». Le Ministre a expliqué que le Luxembourg figure parmi les pays qui luttent contre l’inégalité vaccinale, notamment à travers les programmes de coopération au Cap-Vert, au Niger ou encore au Burkina Faso. Ainsi, le Luxembourg ne se limiterait pas à une contribution pécuniaire à hauteur de 2 millions d’euros au mécanisme COVAX, mais il offrira également des doses de vaccin à la communauté internationale. A l’heure actuelle, quelque 120 millions de doses auraient été données à l’échelle mondiale, bien loin de l’objectif d’un milliard de doses d’ici la fin de l’année.

 

Une députée de l’opposition s’est posée la question sur la légitimité d’une présence accrue des forces armées luxembourgeoises dans le cadre de la politique de coopération luxembourgeoise. Selon le Ministre, le pays adopte une approche 3D (diplomatie, développement et défense) qui contribue à la croissance durable, la stabilité et la sécurité dans le monde. Le gouvernement veillerait à bien séparer les 3D, a précisé Franz Fayot.