La COP27, « une opportunité d’échange pour les parlementaires »

Artikel
Publizéiert le 17.11.2022 à 17h42 Update le 18.11.2022 à 10h59

Les députés luxembourgeois Jessie Thill (déi gréng) et Paul Galles (CSV) sont actuellement en Égypte pour participer à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La COP27 a lieu en plein désert égyptien à Charm el-Cheikh. Un cadre « plus qu’étrange », jugent les deux députés luxembourgeois au cours d'un entretien sur leur rôle à cette conférence internationale.

Les députés Jessie Thill (déi gréng) et Paul Galles (CSV) à la COP27

Qu’est-ce qui ferait de la COP27 un succès ?

 

Jessie Thill : Je considèrerais la COP comme un succès, si elle réussit à réunir les 100 milliards de dollars promis pour les « pertes et dommages ». De plus, le cadre de travail pour la coopération avec les pays les plus défavorisés doit avancer.

 

Paul Galles : En plus de ces deux points, les parties participantes à la COP 27 doivent recevoir un coup de pouce de sorte à ce qu’on voie enfin des résultats concrets. Je m’attends à un mouvement collectif d’action.

 

 

En ce sens, la COP vous semble-t-elle être le moyen adéquat pour réagir dans l’urgence ? L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré est toujours dans les discussions, même si cet objectif date de l’Accord de Paris de 2015.

 

Paul Galles : Pour moi la COP propose le format adéquat. Il s’agit certes d’un système politique un peu lent, mais qui est nécessaire pour que chacun puisse s’exprimer. Ce qui compte en plus de la COP, c’est que les pays réalisent les objectifs nationaux qu’ils se fixent entre autres lors de la conférence. Il est vraiment important qu’il y ait une cohérence entre ces deux formats, les échanges à la COP et la réalisation des objectifs au niveau national.

 

Jessie Thill : Le modèle de la COP est un vrai outil dont la communauté internationale dispose pour coopérer sur différentes thématiques. La COP sur le changement climatique a le mérite d’être une des plus connues et une des plus médiatisées. Il est important que les différentes parties prenantes engagées dans la lutte contre le changement climatique puissent se rencontrer dans ce cadre. La société civile peut s’y exprimer et mettre de la pression. La COP est aussi une opportunité d’échanges interparlementaires.

 

 

Comment voyez-vous précisément votre mission à la COP en tant que représentants du Parlement luxembourgeois ?

 

Jessie Thill : Je peux attirer l’attention sur des sujets importants qui ont un lien avec cette COP comme le respect des droits de l’Homme qui n’est pas garanti en Egypte. J’aurai une entrevue avec des organisations de défense des droits de l’homme. C’est aussi notre rôle en tant que parlementaires de thématiser ce genre de sujets. D’autant plus que nous avons aussi une position un peu plus protégée que les activistes. Si nous thématisons la crise climatique, nous devons également thématiser les droits de l’homme étant donné que la crise définira s’il y aura encore un futur vivable.

 

Paul Galles : Notre mission peut se résumer en quatre points : échanger avec les parlementaires des autres pays afin de comprendre comment ils prennent leurs initiatives, accompagner notre gouvernement et contrôler ses négociations, s’informer sur différentes thématiques en lien direct avec notre travail au Parlement luxembourgeois et rencontrer les acteurs de la société civile, donc les activistes pour certains sujets comme le changement climatique, les droits de l’homme ou plus spécifiquement les questions relatives au genre.

 

À quel point ces échanges sont-ils consensuels ?

 

Jessie Thill : J’ai déjà suivi des controverses lors d’une session thématique avec le Ministre de l’Environnement des Pays-Bas sur l’impact de la géopolitique sur la crise climatique. Ce genre d’échanges donne l’occasion de poser des questions critiques par exemple sur les investissements dans l’énergie nucléaire. Il faut savoir qu’environ 600 lobbyistes des énergies fossiles et nucléaires sont sur place. Avec eux, il faut bien choisir son discours.

 

Paul Galles : J’ai eu mon premier échange du genre avec des lobbyistes de l’énergie nucléaire dans un bus dès mon arrivée sur place, en dehors d’un évènement officiel. J’ai également rencontré Libby Schaaf, la bourgmestre de la ville d’Oakland en Nouvelle Zélande, qui est très connue pour sa politique environnementale et énergétique. C’est intéressant d’apprendre ce qui se déroule au niveau local dans d’autres pays. Nous avons donc autant de controverses que de rencontres encourageantes.

 

La guerre en Ukraine, est-elle un sujet à la COP ?

 

Paul Galles : Oui, cette guerre a bouleversé le réseau mondial de l’énergie. Mais il s’agit d’une nouvelle opportunité pour se tourner de manière plus intense vers les énergies durables. Dans le pavillon de l’Ukraine, l’impact de la guerre sur les terres agricoles en Ukraine est présenté.

 

Quelles sont les leçons concrètes pour votre travail à la Chambre ?

 

Paul Galles : Je veux saisir les positions du Luxembourg par rapport aux thématiques discutées qui sont échangées sur place. Même si cette année la stratégie nationale du Luxembourg n’est pas discutée à la COP étant donné que cette discussion ne se fait que tous les deux ans, le débat continue à notre retour au Luxembourg.

 

Un débat sur les résultats de la COP27

 

Les députés devraient revenir sur les résultats lors d’une heure d’actualité en séance publique qui devrait avoir lieu au début du mois de décembre. La prochaine COP aura lieu en novembre 2023 à Dubaï sur l’ancien site de l’expo universelle.