Echange avec Luc Frieden autour des migrations et du Proche-Orient

Artikel
Publizéiert le 23.10.2024 à 13h58 Update le 24.10.2024 à 11h21

Les membres de la Commission des Affaires étrangères et européennes ont interrogé le Premier Ministre Luc Frieden au sujet du dernier Conseil européen, qui s’est tenu les 17 et 18 octobre 2024 à Bruxelles. 

Le Premier ministre Luc Frieden sur le banc du gouvernement de la Chambre des Députés (photos du 21 novembre 2023).
Luc Frieden a défendu la position du gouvernement sur la politique migratoire et la situation au Proche-Orient lors de la commission parlementaire.

Palestine et la situation au Proche-Orient 

Plusieurs députés ont souhaité connaître la position du Premier Ministre concernant une éventuelle reconnaissance de Palestine en tant qu’Etat, ainsi que l’éventuelle ouverture d’une ambassade en Israël et d’un bureau de coopération en Palestine. Luc Frieden a souligné que cette décision n’a de sens que si elle est prise de manière coordonnée et unie par plusieurs pays européens. Il a rappelé que le gouvernement fera le point sur cette question avant la fin de l’année.  

 

Les députés de l’opposition ont également demandé si les dirigeants européens avaient discuté de potentielles sanctions à l’encontre des autorités israéliennes, et quelle était la position du gouvernement luxembourgeois face à une telle éventualité. Concernant les sanctions, le Premier ministre a reconnu que les dirigeants de l’Union européennes sont divisés sur la question. Luc Frieden a souligné que le gouvernement luxembourgeois condamne fermement les attaques du 7 octobre et il a exprimé son opinion selon laquelle la réponse d’Israël est « disproportionnée » constituant une violation du droit international et humanitaire. Il a encore ajouté que le Luxembourg plaide pour un cessez-le-feu, pour la paix, ainsi que pour une solution à deux Etats. 

 

En règle générale, Luc Frieden partage le constat de plusieurs députés sur la situation au Proche-Orient, mais il ne souscrit pas à l’idée que la reconnaissance de la Palestine en tant qu’ Etat devrait être un« acte symbolique » ou que de sanctions devraient être prises à l’encontre du gouvernement d’Israël ou de certaines personnalités israéliennes. Selon lui, ces mesures n’ont de portée réelle que si elles sont décidées collectivement et soutenues par un grand nombre de pays.  Plusieurs députés de l’opposition ont déploré cette position, estimant qu’elle envoie un « message de deux poids, deux mesures » (notamment dans le contexte de l’invasion russe en en Ukraine) et que, bien que la  reconnaissance de la Palestine comme Etat n’aurait peut-être pas d’impact immédiat sur la guerre, elle enverrait un message fort. 

 

Politique migratoire et espace Schengen 

Les dirigeants de l'Union européennes ont encore mené un débat approfondi sur les migrations. A ce sujet, Luc Frieden a affirmé qu’il plaide pour une migration légale avec des perspectives d’intégration, tout en renforçant la lutte contre la migration illégale par un un contrôle renforcé des frontières extérieures. Il a également appelé à une mise en œuvre rapide du Pacte sur la migration et l’asile ainsi qu’à une accélération des retours depuis l’Union européenne. Luc Frieden a encore déploré que les retours ne fonctionnent pas comme ils devraient dans aucun pays européen, soulignant la nécessité qu’il faudrait trouver une approche commune et coordonnée. Selon les informations du Premier Ministre, la Commission européenne est en train d’élaborer une nouvelle proposition de directive européenne sur les retours. 

 

Concernant l’espace Schengen et la réintroduction des contrôles aux frontières, Luc Frieden a souligné qu’il défendait fermement le maintien de Schengen face aux autres dirigeants européens, et qu’il s’était entretenu avec les dirigeants des pays voisins sur cette question. 

 

Un député de l’opposition s’est renseigné sur la position du Premier ministre à propos des « hubs de retour » ou encore du modèle albanais utilisé par l’Italie. Luc Frieden s’est dit très sceptique à l’égard de ces deux approches, estimant qu’elles ne sont pas viables à long terme. Selon lui, une piste à explorer au niveau européen est la coopération avec les pays tiers, comme celle initiée par la Commission européenne avec le Liban avant les récentes opérations militaires israéliennes sur le territoire libanais. Il a indiqué que ce type de partenariat pourrait contribuer à ralentir les flux migratoires, en particulier ceux liés à la migration illégale.