Environnement : «Il faut créer de l’adhésion pour réussir une politique»
COP28, développement durable, biodiversité, autorisations communales…pour la première réunion de la nouvelle commission de l’Environnement de la Chambre, les députés ont reçu le ministre de l’Environnement Serge Wilmes afin de le questionner au sujet du programme du gouvernement.
« Il ne faut pas aliéner les gens. Il faut que l’environnement aille vers plus de justice sociale. Il faut créer une adhésion, quel que soit le domaine politique, afin de pouvoir atteindre ses objectifs ». C’est ce qu’a affirmé le nouveau ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité Serge Wilmes. Il répondait à la question d’une députée de l’opposition sur les orientations de son ministère lors de la première réunion de la nouvelle commission de l’Environnement, ce lundi 4 décembre. Ce premier échange a été organisé sur la base d’une demande formulée le 23 novembre par le groupe politique LSAP.
Le "Développement durable" n’est pas le monopole du ministère de l’Environnement
Changement d’intitulé pour les services du ministre Wilmes, puisque le ministère « de l'Environnement, du Climat et de la Biodiversité » ne fait plus mention dans son nom du « Développement durable », comme cela était le cas lors de la législature précédente sous les ministres Carole Dieschbourg et Joëlle Welfring.
À la question d’une députée de l’opposition qui voulait connaître la raison de ce choix, le nouveau ministre de l’Environnement a répondu que la dimension de la durabilité du développement n’avait pas disparu des réflexions de la nouvelle équipe gouvernementale. Cette dimension appartiendrait cependant, a ajouté le ministre, à plusieurs ressorts et pas seulement à celui de l’Environnement, justifiant ainsi le remplacement des mots « Développement durable » par « Biodiversité ».
Construction et biodiversité ne sont pas incompatibles
Au sujet de la biodiversité et dans le contexte de sa position en ce qui concerne la construction et l’urbanisme, Serge Wilmes a affirmé qu’il était erroné d’opposer les efforts en matière de constructions et la protection des espèces. Un urbanisme bien pensé, selon le Ministre, donne de la place aux espaces naturels et permet ainsi de créer un environnement favorable à la biodiversité. Le ministre a notamment parlé de solutions comme les toits et façades vertes.
Un député de l’opposition a souhaité que la commission de l’Environnement se penche sur les différentes possibilités en la matière lors d’une prochaine réunion. Serge Wilmes s’est dit favorable à cette proposition.
Modernisation énergétique et politique communale
Le ministre de l’Environnement a abordé lors de sa présentation sa volonté d’investir fortement dans les nouvelles énergies, parlant entre autres d’un fonds citoyen qui devra financer des projets en rapport avec les énergies renouvelables ou encore d’un « cadastre du vent », pour mieux cerner le potentiel éolien. Il évoque également l’objectif d’une administration neutre climatiquement en 2030 et de la neutralité des transports publics au même horizon.
Serge Wilmes a également mis l’accent sur l’installation de panneaux photovoltaïques, citant des pistes comme l’obligation d’inclure du photovoltaïque sur les bâtiments neufs et des aides pour les ménages à faible revenu. Le ministre a également parlé, après avoir évoqué une « réduction des procédures » ainsi que des lenteurs qui pouvaient survenir en ce qui concerne les autorisations communales, du règlement du Conseil (UE) qui stipule qu’une absence de réponse de l’administration communale avait valeur d’accord tacite pour l’installation de panneaux photovoltaïques après un certain délai.
Ce point a mené à une discussion plus large avec les députés sur le rapport entre État et communes en matière de modernisation énergétique. Un député de l’opposition a affirmé que le ministre pouvait donner l’impression de croire que les communes ne sont pas capables de mettre sur pied une stratégie en la matière et a affirmé l’importance qu’il accorde à l’autonomie communale. Le président de la commission de l’Environnement Christophe Hansen a affirmé que la volonté politique était plutôt d’aider les communes qui ne sont pas dotées des moyens nécessaires en matière de ressources humaines. Serge Wilmes a quant à lui souhaité rassurer les députés au sujet du fait qu’il ne tenterait pas de « parler aux communes d’en haut », lui-même venant de ce secteur et qu’il « chercherait toujours le dialogue» et « l’établissement d’un partenariat » avec les communes.
Une députée de l’opposition a voulu savoir dans quel mesure le ministre comptait appliquer le principe des accords tacites à d’autres domaines ayant trait à l’environnement, mettant en garde dans ce contexte qu’ « une fois qu’un biotope est détruit, il est détruit ». Serge Wilmes a reconnu que les accords tacites avaient aussi des désavantages mais a réitéré son idée selon laquelle il ne fallait pas opposer construction et biodiversité mais chercher un chemin médian.
L'éducation environnementale pour la rentrée prochaine ?
L’accord de gouvernement prévoit que « l'éducation environnementale et l'éducation au développement durable devront faire partie intégrante du programme scolaire tant dans l’enseignement primaire que dans l’enseignement secondaire ». Interrogé à ce sujet par un député, le ministre a affirmé souhaiter que ces adaptations du programme éducatif soient mises en place dès la rentrée prochaine.
COP28 : la participation du Luxembourg au « fonds pour les pertes et dommages »
La COP28 figurait également à l’ordre du jour de cette première réunion. Les députés ont abordé le sujet du « fonds pour les pertes et dommages » instauré au sommet de Dubaï. Celui-ci doit permettre, comme le résume le ministre de l’Environnement, « aux pays du nord de mettre des moyens financiers à disposition afin de se montrer solidaires avec les pays du sud qui souffrent le plus des conséquences du changement climatique ».
Interrogé par les députés, le ministre de l’Environnement a affirmé que le Luxembourg participerait bien au financement de ce fonds, mais qu’il ne pouvait pas encore chiffrer cette participation. Le Président de la commission de l’Environnement Christophe Hansen a affirmé que le sommet de Dubaï ferait l’objet d’une prochaine réunion de la commission de l’Environnement.
Les députés Franz Fayot (LSAP) et Paul Galles (CSV) représenteront la Chambre des Députés à la COP28.