Arménie, la paix en suspens
Alen Simonyan, Président de l’Assemblée nationale de la République d'Arménie, a été reçu dans le cadre d’une visite officielle au Luxembourg.
La situation de l’Arménie reste difficile, entre difficultés à parvenir à un accord de paix avec l’Azerbaïdjan voisin et pressions liées à la volonté du peuple de l’Arménie d'emprunter le chemin d'une candidature d’adhésion à l’Union européenne.
Le Luxembourg entretient des relations diplomatiques favorables avec l’Arménie. La Chambre des Députés a notamment reconnu officiellement le génocide des Arméniens sous l’Empire ottoman. Plusieurs visites de délégations entre les deux pays ont été organisées, dont une visite officielle en 2024 à l’occasion de laquelle le Président de la Chambre des Députés Claude Wiseler a pu s’exprimer devant l’Assemblée nationale d’Arménie. La visite officielle de ce mardi 4 février s’inscrit dans la continuité de ces bonnes relations.
« Une visite pleine de symbolisme et de sens » : le Président de la Chambre des Députés Claude Wiseler et une délégation du Parlement luxembourgeois sont en visite officielle en Arménie ce mercredi
Dans l’attente d’une réponse de l’Azerbaïdjan
Les députés luxembourgeois ont interrogé Alen Simonyan au sujet de l’état du processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, pays avec lequel l’Arménie a une dispute territoriale au sujet de la région du Haut-Karabagh, actuellement sous contrôle azéri.
Le Président du Parlement arménien a notamment affirmé que l’Arménie attendait depuis deux mois une réponse de la part de ses interlocuteurs Azéris au sujet de la plus récente version d’un accord de paix contenant des propositions de l’Arménie sur les derniers points contentieux. Il a également demandé aux députés luxembourgeois de continuer à inciter l’Azerbaïdjan par la voie diplomatique à avancer dans ce dossier. Les questions des prisonniers de guerre arméniens et des personnes disparues dans le cadre du conflit entre les deux pays restent également des sujets sensibles sur lesquels les représentants arméniens ont insisté pendant la réunion. Alen Simonyan a encore affirmé que la signature d’un accord de paix entre les deux pays serait un signal très positif dans le cadre d’une période difficile sur le plan des relations internationales.
Les députés ont abordé le sujet de l’impact de la mission d’observation de l‘Union européenne EUMA à laquelle le Luxembourg vient de prolonger sa participation jusqu’en 2027. Alen Simonyan a affirmé que cette initiative avait eu un impact considérable. L’année avant le lancement de la mission en 2023, 57’000 coups de feu auraient été recensés le long de la frontière. En 2024, ce chiffre serait passé à 3’000.
Le Luxembourg participe avec un membre à la mission d’observation de l‘Union européenne (EUMA) en Arménie qui est en place depuis 2023. Elle sera prolongée jusqu’en 2027.
Une loi d’initiative populaire pour prendre le chemin de l’Europe
La Constitution d’Arménie permet des initiatives législatives populaires. Ainsi, un texte de loi proposé par le peuple arménien sera examiné prochainement au Parlement arménien. Le texte serait une simple ligne demandant à l’Arménie de prendre le chemin d’une candidature d’adhésion à l’Europe, mais montrerait clairement la volonté populaire. Les représentants arméniens présents à la réunion ont affirmé penser que le texte serait adopté lors de son vote à l’Assemblée nationale. Les représentants arméniens ont affirmé, en réponse à une question des députés, assumer le fait que cette orientation européenne soit de nature à déplaire à la Russie et à avoir des répercussions potentielles, notamment dans le cadre de l'Union économique eurasiatique (UEEA) dont fait partie l’Arménie.
Interrogés au sujet de leurs attentes en ce qui concerne la relation avec le Luxembourg, les représentants arméniens ont affirmé espérer être « soutenus, mais aussi promus » dans le contexte de leurs efforts européens. Ils ont encore affirmé souhaiter un soutien dans tous les domaines du développement économique mais aussi en ce qui concerne l’expertise. En particulier en ce qui concerne la formation de leurs étudiants en ce qui concerne le fonctionnement et le cadre législatif de l’UE, affirmant encore « manquer de savoir-faire » en la matière.
Une lettre détaillant les axes sur lesquels les relations bilatérales entre l’Arménie et le Luxembourg peuvent être renforcées doit être remise dans le cadre de la visite officielle aux représentants luxembourgeois.
