L’ancien Directeur général de la Caritas en commission
Marc Crochet a répondu aux questions des députés de la Commission spéciale « Caritas » de la Chambre des Députés.

Comment les factures frauduleuses qui ont mené à ce que 61 millions d’euros soient soutirés à la Caritas ont-elles pu être validées par les dirigeants de l’organisation ? C’est une des questions qui ont été abordées ce mercredi 26 mars lors de l’échange entre les membres de la Commission spéciale « Caritas » et son ancien Directeur général Marc Crochet. Ce dernier était accompagné pendant la réunion par son avocat, afin notamment de ne pas révéler en commission d’informations susceptibles de créer de conflits avec la procédure judiciaire en cours.
Le rôle de la Directrice financière
Le rôle de la Directrice financière de la Caritas au moment des faits a été évoqué. Interrogé par les députés, Marc Crochet a globalement affirmé ne pas se sentir en faute dans ce dossier, tout en reconnaissant que si quelqu’un avait dû surveiller ce que faisait la Directrice financière, cela aurait été lui. Interrogé par les députés au sujet des antécédents de la Directrice financière, Marc Crochet a affirmé que des problèmes avaient effectivement existé, notamment en ce qui concerne les relations interpersonnelles, mais que son intégrité ou sa compétence technique n’avaient pas été remises en question avant les faits.
L’État « mauvais payeur »
Les députés ont voulu savoir comment il avait été possible que le détournement de fonds lié à ces factures ait pu passer si longtemps inaperçu. Marc Crochet a expliqué cela par un facteur double : d’une part, L’État serait souvent en retard dans le transfert d’argent aux entités qui prennent en charge des missions comme celles assurées par la Caritas. D’autre part, et cela serait aussi lié à son expérience acquise au fil des années, les périodes de transition budgétaire suivant des élections, comme celles de 2023, seraient propices à ces retards. Elles obligeraient souvent les entités comme la Caritas à recourir à des emprunts pour combler les vides dans les caisses. L’absence des fonds en question n’aurait ainsi pas causé d’alerte, alors que la véritable raison était le vol qui a déclenché ce dossier.
Le rôle des banques, qui ont procédé aux virements basés sur des factures frauduleuses effectués dans ce dossier, a été évoqué lors de la commission. Marc Crochet a affirmé que, des deux banques concernées, une seule avait pris la peine d’effectuer des vérifications. Ces vérifications se seraient toujours arrêtées au stade de la validation par la Directrice financière et ne l’auraient pas impliqué.
Marc Crochet réfute la théorie du « tonneau percé » du gouvernement
Une des raisons évoquées par le gouvernement pour ne pas remettre de fonds dans la Caritas après la découverte de la fraude était celle du risque financier. Le gouvernement a évoqué un « tonneau percé » : si des fonds supplémentaires étaient versés, ceux-ci seraient potentiellement perdus ou récupérés par les banques qui feraient valoir leurs créances liées à l’argent emprunté par la Caritas.
Marc Crochet a contesté cette argumentation, affirmant que si l’État avait par exemple renfloué l’ASBL et non la fondation, les banques n’auraient eu aucun recours pour récupérer cet argent et la Caritas aurait pu être sauvée.
La Commission spéciale « Caritas » souhaite désormais entendre des représentants des banques impliquées dans le dossier. Des invitations sont prévues.