« L’accès au statut de candidat à l'adhésion à l'UE est un sujet sensible pour la Géorgie »

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Publié le 03.03.2023 à 13h09 Mis à jour le 10.03.2023 à 17h32

Les aspirations européennes de la Géorgie et une initiative législative géorgienne controversée sur la transparence ont été débattues lors d’échanges entre des officiels géorgiens et une délégation luxembourgeoise en visite officielle en Géorgie.

La délégation luxembourgeoise – Djuna Bernard et Yves Cruchten – reçus au Parlement géorgien par le Président du Parlement Shalva Papuashvili

« Les citoyens géorgiens comprennent difficilement pourquoi les demandes d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie à l’UE sont davantage considérées que celle de la Géorgie. Cela crée un sentiment d’injustice ».  



Avec certaines nuances, le message que portaient les responsables géorgiens - dont le Président du Parlement Shalva Papuashvili - qui ont débattu avec la délégation luxembourgeoise était le même : Il existe en Géorgie une certaine frustration quant au fait que la demande d’accès au statut de candidat à l'adhésion à l'UE n’ait pas encore été accordé à la Géorgie. Cette gêne est renforcée par le fait que l’Ukraine et la Moldavie, dont les demandes d’accès au statut de candidat à l’adhésion ont été introduites pratiquement en même temps que celle de la Géorgie (février 2022 pour l’Ukraine, mars 2022 pour la Géorgie et la Moldavie) se sont déjà vues accorder le statut.

 

D’autant que, comme le soutient Shalva Papuashvili, la Géorgie serait « très avancée » en ce qui concerne la mise en place des réformes réclamées par l’Union européenne pour donner accès au statut de candidat.



Le Président du Parlement géorgien a néanmoins dit « voir pourquoi » le statut avait été accordé à l’Ukraine dans le contexte la guerre de la Russie contre l’Ukraine. La demande des Géorgiens aux représentants de la délégation luxembourgeoise était ainsi claire : œuvrer pour que le Luxembourg accorde son soutien à la Géorgie dans le cadre de ses aspirations européennes.

 

Djuna Bernard, qui a continué de mener la mission de diplomatie parlementaire du Bureau de la Chambre en Géorgie après avoir rempli la même fonction en Arménie, a affirmé que la Géorgie « continuerait à avoir le support du Luxembourg pour avancer sur le chemin des réformes nécessaires ».

 

La Commission européenne émettra un avis sur une possible candidature en automne. Le Conseil européen devrait prendre une décision en décembre. Le Vice-ministre des Affaires étrangères géorgien, Alexander Khvtisiashvili, a affirmé lors d’un entretien souhaiter « une appréciation honnête,  basée sur le mérite, pour l’automne ».

Entretien avec Alexander Khvtisiashvili, Vice-ministre des Affaires étrangères Géorgien

Lois sur les financements étrangers : transparence ou recul de la démocratie ?

 

Les députés luxembourgeois ont tenu à aborder le sujet d’une réforme législative sensible en Géorgie. Elle concerne deux projets de loi sur “La transparence sur l’influence étrangère” et “Le répertoriage des agents étrangers”. Pour la majorité parlementaire, dont l’initiative émane, il s’agit de créer plus de transparence sur le financement par l’étranger d’organisations actives en Géorgie.

 

Les textes sont cependant très critiqués, en Géorgie comme au niveau européen et international. Les critiques y voient une dynamique similaire à ce qui s’est passé en Russie, où des organisations comme des médias et des ONG ont été réduites au silence par un nouveau cadre législatif sur les financements étrangers.

 

Yves Cruchten, membre de la délégation et Président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre a tenu à envoyer un message clair à ses interlocuteurs géorgiens : ce texte serait « une fausse bonne idée » - il y aurait d’autres moyens d’assurer plus de transparence - et risquerait même d’être considéré comme une régression sur le chemin européen de la Géorgie.

 

Visite à la ligne de front du territoire occupé par la Russie

 

En plus des réunions de travail, les députés luxembourgeois ont souhaité se rendre compte de la situation sur le terrain en Géorgie. Ils ont à cet effet rencontré Davide Sousa, policier luxembourgeois engagé dans la Mission d'observation de l'Union européenne. Il s’agit d’une mission non armée et destinée à des fins de maintien de la paix qui est opérée par l'Union européenne en Géorgie et a été mise en place en 2008 suite à la guerre de la Russie contre la Géorgie.

Djuna Bernard, Yves Cruchten et Davide Sousa, Moniteur au sein de la mission de maintien de la paix EUMM

La délégation s’est également rendue, en compagnie des services de sécurité géorgiens, dans le village d’Odzisi, à la frontière du territoire occupé par la Russie suite à la guerre de 2008. Un membre des services de sécurité a expliqué la situation actuelle aux députés, soulignant que les Russes utilisent notamment la méthode de la détention illégale de personnes arrêtées dans la zone de séparation pour faire pression sur la Géorgie.