Les débats à la COP28 « ont un impact direct sur notre travail législatif »
Ce jeudi, les députés débattent en séance publique des résultats de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques. Franz Fayot (LSAP) et Paul Galles (CSV) ont participé la semaine passée au forum parlementaire de la COP28 à Dubaï. Témoignages.
Vous avez participé la semaine passée à la COP28. Avez-vous l’impression que le cadre est adapté pour traiter l’urgence climatique ?
Franz Fayot : Une telle action collective est nécessaire pour résoudre une crise qui nous concerne tous. Il faut que le monde entier soit dans le même bateau. C’est la diplomatie environnementale. À vrai dire, c’est une expérience frustrante. En Europe, nos pays sont ambitieux. Mais pour nous, la lutte contre le changement climatique n’avance pas assez vite.
Paul Galles : J’ai beaucoup réfléchi à cette question. D’un côté, le modèle de la COP présente une opportunité d’échanges pour les députés. Mais on pourrait le rendre plus efficace. Certes, il faut un endroit pour se rencontrer réellement comme c’est le cas cette année à Dubaï. Je pense que les échanges ne devraient pas se faire par visioconférence. 100'000 personnes étaient accréditées, mais il faut faire en sorte que les délégations des différents pays ne deviennent pas un moyen pour cacher des lobbyistes du pétrole.
Pourquoi la présence de parlementaires présente-t-elle une plus-value ?
Paul Galles : Nous étions à Dubaï pour remplir notre mission de parlementaire qui consiste à contrôler nos gouvernements, à accompagner la démarche de notre pays de manière critique et constructive. Le fait que la première ébauche de la déclaration finale ait créé un tollé pareil montre que l’on procède selon des règles démocratiques.
Franz Fayot : Les discussions sur place et les contacts que nous établissons nous permettent de découvrir des initiatives à mettre en place chez nous. Il peut également s’agir d’initiatives que le Luxembourg pourra soutenir. Nous, députés, pouvons faire pression sur nos gouvernements. Nous pouvons également faire fonction de porte-paroles de la société civile. De toute façon, au point où on en est, la pression doit venir de tous les fronts pour accélérer le mouvement.
Quel est l’impact de cette visite sur votre travail parlementaire au Luxembourg ?
Franz Fayot : Les débats à la COP sont des discussions globales qui ont un impact direct sur les lois et règlementations. Le message est clair : on ne pourra pas revenir dans 30 ans pour constater que rien n’aura changé. Nous, les députés, nous avons une responsabilité spécifique parce que nous sommes les législateurs. Nous devons créer les règles dans le but de décarboniser nos sociétés et atténuer la crise climatique. Nous ramenons la dynamique de la COP à la Chambre.
Les grands sujets discutés à Dubaï comme le « phasing out » des énergies fossiles, les questions autour du financement nous concernent directement dans notre travail législatif. Le changement climatique est le sujet prédominant. Rien que cette semaine, nous avions deux projets à l’ordre du jour des commissions parlementaires à la Chambre qui sont directement liés aux questions de changement climatique : la bonification des investissements qui doivent inciter les entreprises à investir dans la transition énergétique ou encore la taxe CO2. À nous de poser constamment les bonnes questions : quel est l’impact de la taxe CO2 ? La taxe, est-elle juste ? Il faudra accélérer son impact parce qu’il y a une urgence absolue.
Paul Galles : C’est pour cette raison que j’ai demandé un avis scientifique sur la question. D’autres idées concrètes concernent par exemple l’aménagement de nos villes. Comme il s’agit de modèles à suivre au niveau local, les communes ont également un rôle important à jouer.
La note de recherche de la cellule scientifique
La taxe carbone figure parmi les outils économiques de régulation explicite des émissions de gaz à effet de serre. Au Luxembourg, elle a été proposée par le Plan National intégré en matière d'Energie et de Climat (PNEC) puis mise en œuvre par Règlement grand-ducal en 2021. Quelle est l'efficacité d'une telle taxe pour limiter les dommages sociaux et environnementaux liés aux émissions de gaz à effet de serre au Luxembourg et dans le monde ?