L’espace francophone face à la guerre hybride

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Publié le 09.12.2024 à 16h03 Mis à jour le 09.12.2024 à 16h06

La 36e session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) Région Europe, qui s’est tenue à Pristina, au Kosovo, les 12 et 13 novembre derniers, a placé la guerre hybride au cœur des débats. Ce concept, mêlant cyberattaques, désinformation et manipulations économiques, constitue une menace sans précédent pour les démocraties modernes. Représentée par la députée Alexandra Schoos, la Chambre des Députés a contribué à cet échange crucial sur les moyens de protéger les valeurs communes dans un monde en mutation.

Avec le Président de l'Assemblée de la République du Kosovo, Glauk Konjufca

L’Europe, résiliente face à la menace

La guerre hybride a des répercussions profondes en Europe. Le conflit russo-ukrainien, évoqué par plusieurs intervenants, est un cas emblématique. Avant même l'invasion armée, une vague de cyberattaques russes avait visé l’Ukraine, paralysant ses infrastructures critiques et tentant de miner sa cohésion nationale. L’exemple de l’attaque sur le réseau Viasat a montré comment des stratégies numériques peuvent désorganiser les communications militaires d’un pays. Malgré cela, des entreprises comme Microsoft et SpaceX ont apporté un soutien crucial en rétablissant des infrastructures résilientes.

Dans un monde marqué par des tensions croissantes, l’espace francophone s’affirme comme un acteur de résilience. Anne Lambelin, déléguée régionale Europe de l’APF, a rappelé que la francophonie peut constituer un rempart contre les divisions, grâce à sa capacité à rassembler des États autour de valeurs partagées. Ce rôle est particulièrement pertinent face aux défis posés par la guerre hybride, où la désinformation et la polarisation fragilisent les démocraties.

Le cyberespace, nouveau champ champ de bataille

Le cyberespace, décrit comme la « quatrième dimension » par Quang-Minh Lepescheur de Microsoft, joue un rôle central dans la guerre hybride. Ce domaine, créé par l’homme et dominé par le secteur privé, est devenu un terrain privilégié pour les hackers, les cybermercenaires et les États hostiles. 

Les intervenants ont également évoqué le rôle croissant des deepfakes et de l’intelligence artificielle dans la désinformation. Ces outils permettent de manipuler les perceptions publiques à une échelle sans précédent, exacerbant les tensions sociales et politiques. Pour faire face à ces défis, les participants ont insisté sur la nécessité d’une mobilisation collective. La mise en place de normes internationales, de lois adaptées et d’une meilleure sensibilisation du public est indispensable. M. Pascal Pétry, ancien directeur des renseignements belges, a souligné l’importance de renforcer la résilience démocratique, en protégeant les processus électoraux et en sensibilisant les citoyens aux risques de manipulation.

La francophonie, gardienne des valeurs communes

La session de Pristina a permis de démontrer que la guerre hybride ne se limite pas à un défi militaire ou technique, mais qu’elle remet en question les fondements mêmes des démocraties. En ce sens, l’espace francophone joue un rôle crucial, non seulement comme plateforme de dialogue, mais aussi comme outil de résistance face aux menaces modernes. En renforçant ses collaborations et en restant fidèle à ses principes, la francophonie peut devenir un acteur clé dans la défense des démocraties contre les formes insidieuses de guerre hybride.