Quelle stratégie pour l’UE en matière de commerce international ?

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Publié le 27.11.2024 à 16h15 Mis à jour le 27.11.2024 à 18h46

La question des accords internationaux que noue l’Europe est au centre de l’actualité, notamment en raison des débats qui entourent les accords du Mercosur, le marché commun de cinq pays d’Amérique latine. Les députés ont reçu Léon Delvaux, Directeur à la Direction générale du commerce de la CE pour débattre de l’avenir de l’Europe en tant que puissance commerciale.

« L’Europe est la plus grande entité de commerce au monde ». C’est ce qu’a affirmé Léon Delvaux lors de son introduction devant les députés des Commissions des Affaires étrangères et de l’Économie ce mercredi 27 novembre. L’Europe représenterait ainsi 16% des imports et exports au niveau mondial, devant les États-Unis et la Chine. Le commerce serait essentiel pour l’Europe car elle dispose de peu de ressources naturelles et doit chercher des accords avec des pays ou entités partenaires, notamment afin de se fournir en matières premières essentielles au fonctionnement de ses industries de transformation. 

 

Diversifier pour diminuer la dépendance

 

Plusieurs grands axes ont ainsi été présentés comme essentiels par Léon Delvaux. La diversification serait capitale, afin d’avoir plus de partenaires et d’alternatives commerciales, ce qui doit permettre d’éviter une trop grande dépendance en termes de matières premières envers des acteurs comme la Russie. Le développement de partenariats fiables, dans un monde incertain où les échanges commerciaux ont de plus en plus agressifs, serait également central pour la stratégie commerciale de l’UE. 

 

Évoquant les accords avec le Mercosur, Léon Delvaux a notamment insisté sur le fait qu’aucun accord « n’affaiblit le droit de l’Union » et que les accords ne remettaient pas les normes européennes en question. 

 

L’UE se prépare à une nouvelle présidence Trump 

 

Les députés ont notamment interrogé Léon Delvaux sur les perspectives commerciales de l’UE dans le contexte d’une nouvelle Présidence des États-Unis sous Donald Trump. Le futur Président américain a déjà annoncé vouloir imposer des taxes à l’import au Mexique et au Canada et risque également de vouloir imposer de nouvelles conditions commerciales à l’UE. Léon Delvaux a affirmé dans ce contexte que l’UE se préparait aux différents scénarios envisageables, mais que l’UE avait vocation à continuer à avoir les États-Unis comme partenaire commercial.

 

Léon Delvaux a encore évoqué lors de l’échange avec les Députés les opportunités qui se présentent dans les pays du Golfe, une zone qui connait une grande croissance et qui ne dispose pas de production agraire importante, offrant des opportunités pour les exports de l’UE. Les difficultés parfois rencontrées en ce qui concerne les relations commerciales avec la Chine ont également été abordées lors de la réunion, notamment sous l’angle de la transition écologique et des technologies liées aux énergies renouvelables. 

 

Les pays du Mercosur sont déjà nos partenaires commerciaux

 

Concernant le Mercosur, un député de la majorité a notamment affirmé que si les exigences de l’UE deviennent trop importantes, il sera de plus en plus difficile de nouer des accords commerciaux, ce qui rendra le multilatéralisme plus difficile et poussera des pays à aller de plus en plus vers le bilatéralisme. Il faudrait ainsi se remettre en question, a encore affirmé ce député, au risque de perdre le marché du Mercosur au profit d’autres grandes puissances commerciales. 

 

Un député de l’opposition a fait remarquer qu’il lui semblait au contraire important de mettre en place des mécanismes de défense, citant l’exemple du CBAM (Carbon border adjustment mechanism), un mécanisme d’ajustement de prix qui est appliqué aux importations dans l'UE pour certains biens sur la base de leurs émissions de CO2 pendant le processus de production en dehors de l'UE.

 

Au sujet du Mercosur, Léon Delvaux a quant à lui encore affirmé qu’il s’agit de pays avec lesquels nous commerçons déjà : la plus grande partie de notre soja arriverait ainsi du Brésil, tandis que beaucoup d’imports de viande proviendraient du Brésil et d’Argentine.

Léon Delvaux entouré des députés membres des commissions parlementaires concernées (affaires européennes ; économie).