« Le Luxembourg s’oppose aux contrôles aux frontières »
Les Ministres Léon Gloden (Affaires intérieures) et Xavier Bettel (Affaires étrangères) se sont rendus en commission jointe ce lundi 11 novembre pour aborder les sujets des contrôles aux frontières et l’externalisation des procédures d’asile en dehors de l’Union européenne.
D’emblée les deux ministres ont rappelé s’être prononcés à plusieurs reprises, lors de diverses réunions à différents niveaux, contre la mise en place de contrôles aux frontières. Cette réunion, initiée par les représentants de la sensibilité politique déi gréng, visait notamment à obtenir des éclaircissements sur la position du gouvernement luxembourgeois concernant les contrôles mis en place par les gouvernements allemand et français. Il s’agissait aussi de déterminer si ces contrôles enfreignent le Code Schengen ou sont conformes au droit européen.
Léon Gloden a expliqué que la décision de l’Allemagne de prolonger les contrôles aux frontières, au-delà des Jeux olympiques et de l’Euro 2024, se justifie par « le renforcement de la sécurité intérieure » et la « lutte contre l’immigration clandestine ». Selon lui, les arguments de sécurité intérieure sont valides au regard du Code Schengen, mais les arguments liés à l’immigration ne sont pas inclus dans le cadre de ce texte. Il a également précisé avoir partagé cette position à plusieurs reprises avec son homologue allemande. En réponse aux questions de l’opposition, concernant une éventuelle saisine de la Commission européenne, Léon Gloden a indiqué que le Luxembourg pourrait envisager cette démarche si l’Allemagne prolongeait encore ses contrôles.
Le Ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, a exprimé ses inquiétudes concernant l’avenir de l’espace Schengen à l’approche de son 40ème anniversaire, estimant que certains pays risquent de « détruire Schengen ».
Un représentant de la Police grand-ducale a expliqué aux députés la situation sur le terrain, précisant que la police luxembourgeoise n’intervient pas dans les contrôles allemands, mais entretient de bonnes relations de coopération avec la police allemande dans ce contexte. Quant à la France, il a rappelé que les deux gouvernements ont signé des accords visant à renforcer les patrouilles communes dans les trains et sur les routes. Si les contrôles en Allemagne ont un impact sur le trafic et la vie quotidienne des frontaliers, ceux opérés en France sont sporadiques et, pour le moment, n’ont pas d’effets notables sur le trafic. A la demande des députés, Léon Gloden a aussi signalé que 49 personnes provenant du territoire luxembourgeois se sont vu refuser l’entrée en Allemagne, ajoutant qu’il n’existe aucune base légale pour prendre en charge ces personnes.
Ces questions seront examinées plus en détail lors de l’heure d’actualité prévue pour le jeudi 14 novembre.
La position du Luxembourg sur les centres de retour et l’externalisation des procédures d’asile
Un autre sujet abordé lors de cette réunion concernait la position actuelle du gouvernement luxembourgeois quant à l’externalisation des procédures d’asile hors de l’Union européenne. Interrogé par les députés du groupe politique LSAP, le ministre Léon Gloden a souligné que le « modèle rwandais », qui consiste à externaliser auprès de pays tiers le traitement des demandes d'asile, n’est pas envisageable pour le Luxembourg. Concernant le modèle de « hub de retour » mis en place entre l’Italie et l’Albanie, Léon Gloden a expliqué que, lors d’un des derniers conseils « Justice et Affaires intérieures », certains pays européens se sont dit prêts à discuter d’un tel modèle, mais qu’aucune proposition concrète n’est sur la table. Il a précisé que cette idée ne venait pas du Luxembourg et que le gouvernement examinerait toute proposition émanant de la Commission européenne en respectant les droits fondamentaux et le droit international.
Léon Gloden a encore mis en avant que depuis 2015, 19.000 personnes ont introduit une demande de protection internationale au Luxembourg, dont 8.500 ont obtenu une réponse favorable, plaçant le pays parmi les cinq premiers en matière d’accueil dans l’UE. En termes de capacité de lits, le Grand-Duché se distingue par une offre trois à quatre fois supérieure à celles des autres pays du Benelux.