Comment préserver la santé de la place financière luxembourgeoise ?

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Publié le 18.09.2023 à 17h53 Mis à jour le 19.09.2023 à 10h42

Des représentants de Luxembourg for Finance ont été reçus à la Chambre pour un échange autour de la situation dans le secteur de la finance.

Le secteur financier luxembourgeois se porte bien. Mais la concurrence des autres places financières, dont Paris et la Suisse, est rude. Le Luxembourg doit continuer de se donner les moyens d’être attractif si la place financière doit avoir un avenir. C’est en essence le message qu’a souhaité faire passer Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, qui a été reçu par les députés de la Commission des Finances et du Budget ce lundi 18 septembre.

 

Des chiffres relativement stables

 

Le secteur financier employait 67.422 personnes en décembre 2022, une augmentation des embauches malgré une période jugée difficile, puisque le chiffre était de 64.592 fin 2021. Le nombre de banques à quant à lui diminué, passant de 124 en 2021 à 119 en septembre 2023. Nicolas Mackel a avancé plusieurs explications concernant ce chiffre, parlant de tendance à la consolidation et à la simplification des structures.

 

En ce qui concerne le volume des fonds gérés au Luxembourg, celui-ci a diminué, passant de 5.9 trillions d’euros en décembre 2021 à 5.24 trillions d’euros en juillet 2023. Nicolas Mackel a notamment évoqué des transferts de fonds vers l’Irlande, ce qui doit selon lui « nous faire réfléchir ».

 

Sur le plan de la finance durable, le Luxembourg se positionnerait en tant que leader européen et international sur les fonds classés « Article 8 » (« vert clair » - fonds qui ont une composante environnementale) avec 34% du marché (2,194 milliards d’euros) et « Article 9 » (« vert foncé » - fonds dont l’objectif est un investissement durable) avec 53% du marché (175 milliards d’euros). Sur ce point, un député a voulu savoir si les énergies nucléaire et fossile étaient exclues de ces fonds. Nicolas Mackel a affirmé que le nucléaire et le gaz n’en étaient pas exclues, ce qui répond aux normes européennes en la matière.

 

La Suisse dépasse le Luxembourg dans la chaîne de valeur

 

Si la place financière doit prospérer, il faut que le Luxembourg innove, selon Nicolas Mackel.

 

Répondant à un député l’interrogeant sur des raisons de l’attractivité de la Suisse pour les services financiers, le CEO de Luxembourg for Finance a affirmé que le plus dangereux serait de stagner et de ne pas chercher à rendre la place financière luxembourgeoise plus attractive. Ainsi, actuellement, la Suisse serait mieux positionnée en matière de « chaîne de valeurs » avec des activités lucratives comme l’« investment baning » et le « trading », qui permettraient de compenser le coût de la vie en Suisse en rémunérant davantage les décideurs financiers, une dynamique dont devrait s’inspirer le Luxembourg. Il faudrait ainsi que le Luxembourg « monte dans la chaîne de valeur », toujours selon le CEO de Luxembourg for Finance, d’autant que toutes les activités qui ne sont pas de haut niveau auraient tendance à être « digitalisées ».

 

Paris aurait également installé un régime fiscal très avantageux pour les décideurs financiers « impatriés ». Une initiative qui a eu des résultats très concrets, selon Nicolas Mackel, car le revenu des décideurs est un facteur très important pour les décisions d’implémentation.

 

Envoyer un signal positif à l’occasion des élections législatives d’octobre 2023

 

Qui que soient les représentants politiques élus en octobre 2023, il est très important qu’ils prennent des mesures de compétitivité en général et pour la place financière en particulier, a affirmé Nicolas Mackel, afin de ne pas prendre de retard sur ce secteur car « si le vent tourne, il est difficile d’inverser la tendance ». Interrogé par les députés sur des mesures qui lui paraissent envisageables, Nicolas Mackel a notamment affirmé qu’Il fallait des mesures fiscales pour attirer les décideurs. Cela ne plaira pas à tout le monde, a-t-il affirmé, mais serait nécessaire. Il faudrait également faire un geste sur le logement pour attirer les talents étrangers.

Côté fiscalité, Nicolas Mackel a évoqué la taxe d’abonnement, affirmant qu’il comprenait que le budget en dépendait, mais qu’il serait utile de chercher à la moduler. L’impôt sur les sociétés a également été abordé par le dirigeant, qui plaide pour une réduction du montant de cette tranche fiscale pour s’aligner sur la moyenne européenne.

 

Luxembourg for Finance informe ponctuellement les députés sur l’état du secteur financier au Luxembourg.