Quels défis pour le secteur de la coopération au développement ?

Article
Publié le 20.01.2025 à 14h41 Mis à jour le 20.01.2025 à 14h47

Un secteur en pleine réorganisation au Luxembourg qui fait face à bon nombre de défis et crises au niveau mondial – voici les impressions partagées par les représentants du Cercle de coopération des ONG de développement lors d’un échange de vues ce lundi 20 janvier 2025 en commission parlementaire, trois semaines avant la déclaration et le débat sur la coopération en séance publique.

Échange de vues avec des représentants du Cercle de coopération des ONG du développement en commission parlementaire

La situation de la coopération au Luxembourg est « exemplaire » dans la mesure où le Grand-Duché – contrairement à bon nombre d’autres pays européens – maintient le budget consacré à la coopération à 1% du revenu national brut (RNB). 

 

Les représentants du cercle de coopération, ce dernier représentant 94 organisations non gouvernementales de développement (ONGD)qui œuvrent dans le monde entier, ont attiré l’attention des députés sur de nombreux défis que le secteur doit affronter actuellement :

  • Une réforme de l’organisation du secteur qui est en cours et qui fait que 2025 est une année de transition pour le secteur de la coopération : après avoir interrogé le ministre Xavier Bettel sur le projet de réforme en cours en commission parlementaire, les députés se sont renseignés sur l’avancement et les aspects très concrets de la réorganisation prévue, à la fois pour la gouvernance, sur le futur rôle du Cercle de coopération et sur les perspectives pour les projets et leur financement. Un des appels formulés par les représentants du Cercle de coopération était de « laisser le temps pour mettre la restructuration en place pour ne pas fragiliser les ONG ». Ils ont également constaté que cette réforme « survient au mauvais moment ». Le Cercle de coopération accompagne étroitement le processus de restructuration ainsi que la création prévue d’une « maison des ONGD », saluée par le secteur pour lui donner plus de visibilité et pour permettre de créer plus de synergie, mais à distinguer clairement des projets de sensibilisation à la coopération au développement. 
  • L’impact sur la collecte des fonds et sur l’image des ONG suite à l’affaire Caritas : Les retours des ONGD membres du Cercle de coopération ne permettent pas de constater une baisse des fonds ou des dons récoltés, ont affirmé les représentants du Cercle de coopération pour répondre à une question des députés. Ils craignent pourtant un effet à moyen terme sur l’image du travail des ONG et ont rappelé qu’il s’agisse d’un secteur qui applique depuis longtemps des règles très strictes pour garantir que les fonds soient alloués de manière contrôlée.
  • Le choix de nouveaux pays à projets de la coopération luxembourgeoise à la suite du retrait décidé de la zone du Sahel : Les députés se son avant tout intéressés aux potentiels pays partenaires. Sans citer des pays propices, les représentants du Cercle de coopération ont plaidé pour un choix basé sur des critères transparents, un choix cohérent et stratégique qui ne soit pas en contradiction avec d’autres politiques menés. 
  • La sensibilisation et de l’éducation à la citoyenneté mondiale : Après avoir mis le sujet à l’ordre du jour des commissions parlementaires à plusieurs reprises, les députés se sont renseignés sur l’avancement d’un projet visant à mettre plus en valeur l’éducation à la citoyenneté mondiale. Le Cercle de coopération salue la piste de vouloir l’intégrer dans les programmes scolaires. Ils soulignent qu’il est important, à leurs yeux, de ne pas seulement impliquer la trentaine d’acteurs experts dans le domaine dans l’élaboration d’un programme, mais de permettre un contact entre les élèves et les acteurs du terrain en tant que témoins.
  • La cohérence entre les politiques et la liberté de prise de parole : différentes évolutions qui pourraient impacter le travail du secteur ont également été discutées en commission parlementaire. Les acteurs observent différentes tendances « inquiétantes » qui consistent par exemple à vouloir davantage impliquer des fonds des entreprises, de lier des financements à des conditions ne laissant pas les acteurs s’exprimer librement ou des problèmes de cohérence entre des politiques commerciales et celles liées au développement et à la solidarité avec les plus pauvres. 

Un débat sur l’orientation de la politique de coopération le 12 février

La déclaration gouvernementale et le débat sur la coopération font partie des grands débats organisés à la Chambre, à côté de celles sur l’état de la nation et sur la politique internationale, pendant lesquels les députés discutent de l’orientation de cette politique. Cette année, la coopération sera à l’ordre du jour des séances publiques du 12 février.